10/10/2025
Comme beaucoup d’homosexuels, Isaac a longtemps soutenu le mouvement LGBT+, avant de ne plus s’y reconnaître. Témoins des dérives idéologiques et du brouillage des repères, il a choisi de revenir à l’essentiel et se concentrer sur les droits des personnes LGB. Dans ce témoignage, il raconte avec sincérité son parcours, ses doutes et les raisons qui l’ont conduit à rejoindre notre collectif.
« J’ai commencé à fréquenter d’autres homosexuels vers 18 ans. C’était à Paris, au début des années 2000. On sortait entre amis, dans quelques bars gays, souvent les mêmes. Je n’ai jamais été un grand fêtard, mais j’aimais cette ambiance, celle d’un petit monde à part, bienveillant, où je pouvais être moi-même sans peur du regard des autres.
On n’avait pas besoin de grandes théories ni d’étiquettes compliquées. On était gays, lesbiennes, bisexuels. C’était simple.
À cette époque, entre 2005 et 2015, on allait presque tous les ans à la Marche des fiertés. Ce que je ressentais alors, c’était une joie tranquille, une impression d’appartenir à une grande famille. On riait, on dansait, on se sentait libres. Personne ne nous jugeait.
Je me souviens qu’on applaudissait les chars de tout le monde, des partis politiques (même de droite), des syndicats ou encore celui de la police. L’ambiance était légère, inclusive au vrai sens du mot. C’était une fête où notre seule revendication, finalement, c’était le droit d’exister comme tout le monde.
En 2012 et 2013, j’ai manifesté pour le mariage pour tous, et contre ceux qui voulaient nous l’interdire. C’était une période forte. On y croyait, on était fiers, on se sentait utiles. J’ai été heureux d’y participer, d’être dans la rue pour défendre quelque chose de juste. Et quand la loi a été adoptée, j’ai ressenti de la gratitude. On se disait que la France avait tenu sa promesse d’égalité.
Alors, peu à peu, les marches se sont vidées, les revendications se sont apaisées. On avait obtenu ce pour quoi on se battait depuis des années.
Puis au fil du temps, quelque chose a changé. Les marches, les bars, les affiches, les stickers sur les murs du marais, tout ça n’était plus les mêmes. L’ambiance n’était plus celle d’une fête entre semblables, mais celle d’un grand meeting politique.
Les pancartes des marches parlaient de tout, mais de moins en moins d’homosexualité. On y lisait des slogans extrêmes, souvent agressifs. On y parlait de transidentité, de racialisme, d’anticapitalisme, de « convergence des luttes », de Palestine, et parfois même de haine de la police, là où, autrefois, on l’applaudissait. Et puis il y avait ces accoutrements de plus en plus provocants, parfois grotesques, qui semblaient chercher à choquer plus qu’à rassembler. Je regardais ces cortèges et je ne m’y retrouvais plus.
Au début, j’ai voulu rester solidaire. Après tout, on faisait partie de la même “communauté LGBT+”. Mais plus le sigle s’allongeait, moins je savais ce qu’il voulait dire.
Je suis homosexuel. Ma vie, mes combats, mes difficultés sont liés à mon orientation sexuelle, pas à mon “identité de genre” ni à mes origines ethniques ou sociales. Pourtant, on me disait que je devais soutenir ces autres luttes pour être un “vrai allié”. Alors j’ai essayé, par réflexe, par gentillesse, peut-être aussi par peur d’être jugé.
Mais plus les années passaient, plus je voyais les homosexuels disparaître derrière d’autres causes. Et j’ai fini par constater quelque chose d’encore plus troublant : des propos homophobes émanant de ceux-là mêmes qui se disaient “inclusifs”. Des discours qui minimisaient notre histoire, nos souffrances, nos combats. Je me suis senti trahi. Comme si notre voix, celle des gays, des lesbiennes et des bisexuels, n’avait plus sa place dans le mouvement que nous avions pourtant bâti.
Alors j’ai pris du recul. J’ai compris que je n’avais plus rien de commun avec ces nouvelles luttes. Je ne veux pas “abolir le genre” ni “renverser le patriarcat mondial”. Je veux simplement que les homosexuels puissent vivre libres, aimer librement, sans peur ni honte. Ce n’est pas un programme politique, c’est un principe humain.
Un jour, j’ai découvert que je n’étais pas seul à penser ainsi. J’ai lu des témoignages, vu des comptes qui disaient tout haut ce que je ressentais en silence. Parfois, c’étaient des gens avec des idées politiques très marquées, qui ne me ressemblaient pas non plus. Et parfois, des personnes qui, comme moi, voulaient simplement revenir à l’essentiel : défendre les droits des lesbiennes, des gays et des bisexuels, sans se perdre dans des idéologies qui n’ont rien à voir avec nous.
C’est là que j’ai appris que le collectif Focus LGB était en train de se créer. Je l’ai rejoint et j’y ai retrouvé cette clarté, cette sincérité, cette volonté d’être juste. Aujourd’hui, j’y participe modestement, en écrivant parfois des textes ou des tweets.
Je ne cherche pas à diviser ni à exclure qui que ce soit. Je veux simplement dire que nous avons, nous aussi, le droit de choisir nos combats. Et le mien, celui qui m’anime depuis mes 18 ans, c’est celui d’aimer les hommes librement et de défendre la place des homosexuels dans une société qui semble parfois l’oublier. »
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