01/10/2025
Entretien exclusif. Icône de la mode et de la télévision dans les années 2000, Vincent Mc Doom a montré en prime time une image inédite de la masculinité, inspirant de nombreux jeunes gays. Aujourd’hui, il continue d’inspirer par son courage et sa liberté de parole sur des sujets proches de ceux défendus par Focus LGB. Nous l’avons rencontré pour un tête-à-tête de trois heures, dans un entretien sans filtre.
C’est dans un restaurant du centre de Paris que nos échanges, à la fois chaleureux et percutants, ont permis de revenir sur son parcours hors normes : d’icône d’une masculinité différente sur les écrans de télévision à figure publique engagée.
Très impliqué dans la protection des enfants, un combat qui traverse toutes ses réponses, Vincent Mc Doom partage avec nous : souvenirs, convictions, conseils aux jeunes et analyses sur les luttes LGB. Un regard sincère, tranchant et parfois dérangeant sur la communauté LGBT+ et ses dérives.
[Focus LGB]
Vincent, vous avez marqué la télévision dans les années 2000. Que faites-vous aujourd’hui, et quelles sont vos priorités ?
[Vincent Mc Doom]
Aujourd’hui, j’aide les jeunes à trouver leur voie, dans leur carrière mais aussi dans leur vie. J’ai la chance, à 60 ans, de choisir ce que j’ai envie de faire. Je ne veux plus être le faire-valoir de qui que ce soit.
En ce moment, je fais du théâtre, ce qui me passionne. J’ai joué dans des pièces avec Julie Arnold, Pascal Olmeta, et je prépare une nouvelle pièce avec Natacha Amal. J’aime aussi la télévision, mais elle a beaucoup changé. Avant, il y avait plus de spontanéité, moins de censure, surtout dans les émissions en direct. Aujourd’hui, tout est contrôlé, on coupe souvent ce qui est le plus important. La télé suit une ligne décidée par la chaîne, par le présentateur, parfois même par la politique. Et si tu es contre cette ligne, alors on te censure, on ne t’invite pas.
Mais ma vraie cause, ce sont les enfants : les protéger des abus, de la pédophilie ou encore alerter sur les dangers de transitionner un enfant trop tôt.
Notre collectif rassemble des personnes de tous horizons politiques, de la gauche radicale à la droite radicale, autour d’un même objectif : défendre les droits des LGB et dénoncer les dérives du sigle LGBTQIA+. Que pensez-vous de cette diversité et du rapport entre engagement associatif et politique ?
Je trouve ça important, parce qu’il faut de tout pour faire un monde. Tout le monde ne peut pas penser pareil. Dieu nous a donné le libre arbitre : chacun choisit entre le bien et le mal, et chaque choix a des conséquences.
Chaque parti politique est construit, à l’origine, avec l’intention de faire du bien. Mais quand l’avidité et la soif de pouvoir entrent en jeu, les gens se perdent et c’est là que commencent les problèmes.
Moi, j’ai toujours dit : quand tu es une association ou une personnalité, si un jour tu as besoin d’aide, c’est préférable de ne pas afficher de bord politique. Parce que je crois dans la gouvernance, mais je ne crois pas dans la politique.
Chez Focus LGB, nous essayons aussi de rester sur des sujets qui dépassent les clivages partisans. Comme l’écologie, la lutte contre les violences faites aux femmes ou aux enfants, la défense des droits des homosexuels devrait rassembler tout le monde, sans qu’il soit nécessaire d’être de gauche ou de droite. Partagez-vous cette vision ?
Oui. Si quelqu’un de gauche fait quelque chose de bien, je le dis. Quand le PS a instauré le mariage pour tous, c’était une bonne chose : maintenant, les homosexuels peuvent se marier. Mais on ne peut pas non plus dire que Macron n’a rien fait de bien, ou que Jacques Chirac n’a rien fait de bien. À un moment, il faut savoir le reconnaître.
Pour beaucoup de gens de notre génération, vous avez marqué la télévision avec La Ferme Célébrités. Pour la première fois, en prime time, on voyait un homme qui assumait pleinement sa part de féminité, et ça a montré qu’il existait d’autres masculinités possibles. Qu’est-ce que cette émission a représenté pour vous ?
Au départ, je ne voulais pas faire de télé-réalité, parce que ça avait mauvaise réputation. Mais j’ai accepté parce que j’avais besoin de travailler, et je n’ai aucun regret. Sans cette émission, les gens n’auraient peut-être jamais vraiment compris qui je suis. Là, ils m’ont vu tous les jours, pendant dix semaines, sans filtre.
J’ai réalisé que je devenais une sorte de pionnier. Avant moi, il y avait bien sûr des figures comme Coccinelle ou Bambi, mais elles disparaissaient une fois la scène quittée. Moi, ma vie était dans le quotidien des Français, à ciel ouvert. Et après l’émission, malgré mes robes, mon maquillage, mes talons, on m’appelait enfin « Monsieur Mc Doom ». Pour moi, c’était énorme : j’avais attendu toute ma vie qu’on me reconnaisse ainsi. C’était le trophée qu’il me manquait.
Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les retours du public. Quand un père hétéro me dit « Grâce à vous, je comprends mieux mon fils », ou qu’un jeune gay m’explique « Grâce à vous, je peux porter des talons et ma grand-mère l’accepte », je sais que ça a compté.
Autre chose d’incroyable, c’est que lorsque je m'habillais en pantalon, le public devenait presque désobligeant en me disant « Monsieur Mc Doom, vous êtes plus joli en robe ! ». Là vous réalisez que vous êtes devenu mainstream et que le public vous réclame, vous, tel qu'il vous aime. J’ai ouvert la porte à une autre forme de masculinité, que beaucoup diabolisaient alors.
Êtes-vous fier de ce rôle que vous avez joué en ouvrant la voie à une autre visibilité ?
Oui, c’est une grande fierté. Je suis conscient de la porte que j’ai ouverte. Parfois, les gens me disaient « Monsieur Mc Doom, vous n’êtes pas grimé. » Ça peut sembler anodin, mais ça veut dire que je faisais déjà partie de leur vie et que j’avais gagné leur cœur.
Ce qui est plus paradoxal, c’est que je n’ai jamais souffert d’homophobie directe du grand public. Le seul vrai rejet est venu de la communauté LGBT elle-même, qui n’a jamais su où me classer. Ni gym queen, ni drag, ni trans, ni bear… Moi, je suis incasable. Et ça dérangeait, parce qu’ils avaient besoin de me mettre dans une case.
Pourtant aujourd’hui, certains essaient de me récupérer pour la cause LGBT, alors que je n’ai jamais eu besoin de dire que je suis homosexuel, c’est le public qui a projeté ça sur moi.
De manière générale, pensez-vous que le regard de la société a changé entre votre sortie de La Ferme et aujourd'hui ?
Oui, beaucoup. Les jeunes hommes n’ont plus peur d’assumer qui ils sont. Ils s’habillent comme ils veulent, parfois même en talons, et ça passe. La visibilité et la tolérance sont beaucoup plus grandes.
Mais attention : quand ça devient une idéologie et qu’on commence à imposer, ça me dérange. Moi, je n’ai jamais imposé quoi que ce soit, et c’est ce qui fait la différence.
La France reste l’un des pays les plus tolérants. Le mariage pour tous a normalisé la situation et donné les mêmes droits aux gays et aux lesbiennes. Mais j’ai l’impression que certains oublient ces acquis et, avec le wokisme, on est en recul par rapport à ces avancées.
Nous, ce qu'on dit chez Focus LGB, c'est que les homosexuels se sont beaucoup battus pour le mariage pour tous. Mais une fois obtenu, c’est comme s’ils avaient baissé les bras et laissé la place vacante à d’autres…
Exactement. Certains ont laissé d’autres minorités prendre non seulement la place, mais aussi la parole. Et ces minorités ont commencé à aboyer plus fort, à chercher une validation qu’elles n’avaient pas en interne.
Je pense notamment que la communauté T a été largement récupérée par les politiques qui s’en sont emparés. On est alors entrés dans une ère woke, une sorte de dictature des minorités. Or, une démocratie, c’est la majorité qui décide. La situation actuelle est un déséquilibre, mais je pense que ce n’est pas durable : la majorité finit toujours par reprendre le dessus.
On a l’impression qu’aux lettres LGB, on a ajouté toujours plus de lettres pour y inclure un maximum de revendications possible. Qu’en pensez-vous ?
Moi je parle de “communauté alphabet”. On a mis ensemble les LGB, qui sont des sexualités, puis on a ajouté le T et ensuite d’autres lettres, des “+”. Mais pour moi, beaucoup de ces ajouts ne sont pas des sexualités, ce sont des idéologies. Mais si on dit ça, on nous accuse d’être homophobe ou transphobe. Mais comment moi je pourrais être transphobe ? J’ai ouvert le chemin, j’ai assumé publiquement ma féminité à une époque où c’était loin d’être simple. Même si en réalité je n’ai jamais voulu être porte-parole ou porte-drapeau de quoi que ce soit, j’ai juste voulu être moi-même.
Dans le passé, des figures comme Coccinelle ou Bambi avaient, elles, fait leur transition pour vivre leur vie de femme, sans rien imposer aux autres. Aujourd’hui, une partie de la communauté T veut imposer ses choix à tout le monde, et ça change complètement la donne.
Selon vous, la cohabitation peut-elle être harmonieuse au sein de la communauté LGBT+ ou les tensions internes sont inévitables ?
Je ne pense pas que le sigle LGBTQ+ désigne une seule communauté : les trans sont fondamentalement en tension avec les gays. Je n’ai rien de négatif à dire sur les couples de même sexe : « love is love », tant que c’est entre adultes consentants.
En revanche, je suis critique de ce que j’appelle la dictature d’une minorité.
Un religieux ne devrait pas être forcé de célébrer un mariage auquel il s’oppose, une femme ne devrait pas être obligée de concourir contre un homme biologique en sport, ni de se changer dans un vestiaire avec lui. Ce n’est pas la liberté, c’est de l’oppression. Beaucoup de frustrations actuelles viennent de cette nouvelle culture de l’oppression, où exprimer ce genre d’idées peut vous valoir d’être puni.
Notez bien que je respecte aussi que d’autres puissent avoir une opinion différente.
Nous, ce qui nous dérange surtout, c’est quand on commence à dire à des enfants “Si tu es efféminé ou masculine, change de sexe”. Comme pour effacer leur homosexualité. Est-ce aussi votre inquiétude ?
Oui. La dysphorie de genre existe vraiment, mais c’est une souffrance qui devrait être accompagnée psychologiquement, pas par une mutilation irréversible. Couper, médicaliser à vie, rendre dépendant aux hormones, c’est créer un handicap. Et surtout, il faut absolument protéger les enfants : leur adolescence est une étape clé. Les entraîner dans cette confusion, leur donner des bloqueurs de puberté, c’est dramatique. J’ai vu des cas où, une fois adulte, certains voulaient revenir en arrière mais étaient devenus stériles. C’est trop grave pour être banalisé.
Pour moi, forcer un enfant à changer de sexe, c’est de l’abus, et même de la non-assistance à personne en danger. La préadolescence et l’adolescence sont des périodes cruciales pour le développement personnel, biologique et psychique.
Les jeunes doivent pouvoir explorer leur identité et leur sexualité sans pression extérieure. Intervenir trop tôt, par des bloqueurs hormonaux ou une chirurgie, peut causer des mutilations, des handicaps à vie et un besoin d’aide médicale continue.
Je dis aux jeunes : ignorez la pression sociale ou médiatique, cherchez l’information fiable, et suivez un processus sérieux avant toute décision irréversible. Les adultes doivent les laisser grandir et décider quand ils sont prêts, après avoir vécu et expérimenté suffisamment de choses dans leur vie.
D’ailleurs on voir des célébrités américaines mettre en avant leurs enfants qui changent de sexe. Quel est votre regard là-dessus ?
Ça me choque. Aux États-Unis, à Hollywood, certains se servent de leurs enfants comme d’un accessoire pour exister médiatiquement. On l’a vu avec Dwyane Wade, Charlize Theron, Megan Fox. Ces gens-là ont une influence. Quelle meilleure façon de faire passer un message que par des personnes qu'on aime ? Si des personnes qu'on admire le font, alors nous aussi on peut le faire… Le problème est là. Or, un enfant, ce n’est pas un sac à main. On leur interdit de fumer ou de boire à 6 ans, alors pourquoi leur permettre un changement de sexe ? Moi aussi on m’a dit plusieurs fois “Vincent, termine le travail”. Mais j’ai refusé : si un homme veut une femme, qu’il aille avec une femme. J’assume d’être un homme féminin. On doit respecter le choix des adultes, mais surtout protéger les enfants.
De manière générale, on observe de plus en plus de transitions précoces et de revendications dans la communauté trans. Certaines personnes procèdent parfois à un changement de sexe avec des influences extérieures. Quel est votre regard sur cette évolution et ses excès ?
Le problème, c’est que beaucoup de transitions ne viennent pas d’un véritable besoin, mais effectivement de pressions sociales ou communautaires. On voit de plus en plus de témoignages de détransition, et il est important d’écouter ces expériences et le mal-être qui peut s’installer. Mais ce qui me choque, c’est l’État qui change l’état civil de certaines personnes qui gardent leurs organes masculins et qui imposent que je les appelle “Madame”. Ça c’est une farce. Une farce !
Dans certains cas, ce changement de sexe sert à autre chose : certains gardent leur pénis tout en se faisant greffer des seins, souvent pour la prostitution. Pour moi, ces personnes sont des travestis, pas des femmes trans. Si quelqu’un change réellement de sexe, il devient vraiment femme : pas nécessairement biologique, mais pleinement intégré dans sa nouvelle identité.
Ce qui m’interroge, c’est aussi cette tendance à s’arroger le statut de “plus femme que les femmes biologiques”, alors que les vraies femmes ont été leur inspiration et ont travaillé dur pour leurs droits. C’est le même problème avec certaines célébrités : par exemple, Caitlyn Jenner, qui arrive de nulle part et est désignée “Femme de l’année”, à peine un an après en être devenue une. Pour moi, ça pose problème.
On voit aussi de plus en plus de femmes trans dans le sport ou dans des espaces réservés aux femmes, parfois au détriment des femmes biologiques elles-mêmes. Que pensez-vous de cette situation et de ses conséquences ?
Je trouve ça lâche. Ces personnes n’ont pas réussi à performer dans la catégorie masculine, alors elles essaient de dominer les femmes. Je suis pour la parité dans le travail, mais le sport est différent : le physique masculin n’est pas le même que le physique féminin.
Dans les espaces réservés aux femmes, si quelqu’un est une femme trans ayant fait la chirurgie complète, pourquoi pas. Mais si elle est seulement grimée comme une femme, elle n’a pas le droit. Dans le sport, la plupart des trans n’ont pas fait le parcours complet. Et on voit souvent d’anciens hommes dans les catégories féminines, jamais l’inverse, parce qu’elles savent qu’elles ne gagneraient jamais dans leur catégorie. Cela fausse la compétition et c’est souvent cautionné par la politique, je ne trouve pas ça normal.
Si vous aviez en face de vous un jeune homme qui se questionne sur sa sexualité ou sur la possibilité de transitionner, que lui diriez-vous aujourd’hui, avec votre expérience et votre maturité ?
Ça m'est déjà arrivé. Et je suis très fier et très content de dire que j'ai aidé des jeunes qui ont eu cette problématique et qui sont venus me voir. Je leur dis de prendre le temps de peser le pour et le contre. Il faut passer par une période de suivi psychiatrique, pour comprendre leurs motivations et réfléchir aux conséquences.
Je leur explique que, même si changer de sexe peut sembler résoudre un malaise, la dysphorie reste présente, et le plaisir sexuel peut être profondément affecté. On perd beaucoup plus qu’on ne gagne. Les relations sexuelles deviennent plus compliquées, et il faut comprendre que l’attraction de quelqu’un pour toi repose souvent sur ton sexe biologique.
J’évoque aussi mon expérience avec Coccinelle, que j’ai rencontrée à Marseille dans son cabaret : elle m’a dit que, même si elle avait fait sa transition et était satisfaite, elle n’avait jamais pu retrouver une vraie relation sexuelle. Elle m’a dit « Ne changez pas de sexe. Un homme qui veut une personne comme vous, c’est votre sexe masculin qui l’intéresse. Si c’était votre sexe féminin, il irait voir une femme. »
Mon conseil aux jeunes : explorez votre sexualité, expérimentez, et ne prenez pas de décisions irréversibles trop tôt. À l’adolescence, il est normal de se questionner et d’être confus. Ce n’est qu’une fois qu’on a expérimenté pleinement sa sexualité qu’on peut réfléchir sereinement à ce type de décision.
Vous n’avez jamais pensé à changer de sexe vous-même ? Est-ce que ça vous a déjà traversé l’esprit ?
Non, ça ne m’a jamais traversé l’esprit. Même quand certains hommes me proposaient « Vous êtes très joli, changez, greffez-vous une paire de seins et faites les choses », je leur répondais que ce sont des opérations lourdes et coûteuses (d’ailleurs, ce n’est pas aux autres de payer pour la dysphorie de quelqu’un d’autre). Je leur disais aussi « Si vous aimez tant les femmes, pourquoi ne sortez-vous pas avec une vraie femme ? Vous n’avez pas besoin de moi. »
En fait, ceux qui étaient attirés par moi l’étaient par ce mélange de féminité et d’attributs masculins. Dans mon cas, ce n’est pas une maladie, ce n’est pas mental, c’est simplement qui je suis.
La plupart du temps, je n’ai pas eu de relation avec des hommes homosexuels, plutôt avec des hétéros curieux. Quand ces relations se terminaient, ils retournaient à leur vie normale, beaucoup avaient des enfants et étaient mariés avec une femme.
Ces dernières semaines aux États-Unis, certains sujets préoccupants ont refait surface, notamment la surreprésentation de certaines personnes transgenres dans des tueries de masse. Que pouvez‑vous nous dire à ce sujet ?
C’est un sujet important. La presse, les médias, les politiques et même certaines personnes trans normalisent un phénomène de violence trans. Le pourcentage de violence trans est bien plus élevé qu’on ne le croit, et quand on en parle, on est immédiatement taxé de transphobe.
Aux États-Unis, on observe une épidémie d’actes violents de la part de personnes transgenres, comme Audrey Hale, Anderson Lee Aldrich, Alec McKinney, ou encore, plus récemment, Robin Westman, le mass-shooter du Minnesota contre des enfants dans une école catholique. Pourtant, les médias n’insistent pas sur ce détail, faute de connaissances ou par idéologie.
Il est urgent que les politiciens arrêtent de présenter la question trans comme une lutte pour les droits civils et qu’ils la traitent comme ce qu’elle est : un problème de trouble mental, dont les enfants peuvent devenir les victimes.
Posons les bonnes questions : quel est le pourcentage de la population trans aux États-Unis ? Et quel est le pourcentage de trans impliqués dans des homicides ? Ce dernier chiffre est beaucoup plus élevé que la normale. Ce sont juste les chiffres, les chiffres ne mentent jamais.
Et même si ces événements sont américains, leurs conséquences se font sentir ailleurs : quand les Américains toussent, nous, on attrape la grippe juste après…
Que pensez-vous des mouvements LGBT+ qui, lors des marches des fiertés, utilisent ces événements pour porter des messages sur d’autres causes, comme la Palestine (« Queers for Palestine »), qui ne sont pas directement liés aux droits LGB ?
Bien sûr, chacun a le droit d’être gay et de militer pour une cause qu’il soutient. Mais j’ai l’impression que certaines personnes LGBT+ qui se battent pour la Palestine récupèrent cette cause pour se mettre en avant, elles-mêmes. Elles mélangent les choses et le font dans un contexte qui n’a rien à voir. Pourquoi le faire de cette manière-là ? Je n'ai pas l'impression que ce soit authentique.
C’est devenu une mode pour se valider entre eux plutôt qu’un vrai engagement sur le terrain. Si ces militants devaient vraiment aller en Palestine pour faire de l’humanitaire, ils n’iraient pas habillés comme à leurs prides, sinon ils se feraient zigouillés. Ils iraient habillés comme des femmes ou des mecs tout à fait normaux. Utiliser la gay pride pour mettre en avant d’autres causes me paraît irrespectueux et pas honnête.
Chez Focus LGB, on nous parle aussi de la Gestation Pour Autrui (GPA) pour les couples d’hommes. Quel est votre avis sur ce sujet et sur ce que cela implique pour l’enfant et la mère porteuse ?
Je suis pour que des couples homosexuels puissent avoir des enfants, tant qu’ils sont amoureux et prêts à élever l’enfant. Il n’y a aucun problème à vouloir être parent, que l’on soit hétéro, lesbienne ou gay.
Mais il y a des limites importantes à considérer. L’enfant n’est pas un objet ni un accessoire : il a besoin d’un équilibre, idéalement avec la présence d’une figure masculine et d’une figure féminine. Certains recours à la GPA peuvent être égoïstes, centrés sur le désir des parents plutôt que sur le bien-être de l’enfant.
Je pense aussi aux mères porteuses : parfois, elles développent un lien fort avec l’enfant et peuvent refuser de le céder.
Et puis il existe d’autres possibilités que la GPA : concevoir naturellement si on n’a pas de problème de fertilité, ou adopter des enfants qui ont déjà besoin d’amour et d’un foyer.
La GPA soulève des questions éthiques et émotionnelles pour tous les concernés. Pour moi, commander un enfant comme un produit est inadmissible. L’enfant doit toujours être au centre des décisions.
On reproche parfois à différentes personnalités LGBT+ de chercher la visibilité en suivant les modes du moment ou en s’humiliant dans les médias. Cherchez-vous à éviter cela ?
Personnellement, tout ce que je dis et fais, c’est mûrement réfléchi, avec bienveillance et amour, parce que je le vis dans ma chair. Je ne parle jamais d’un sujet que je ne connais pas.
Ma visibilité n’a jamais été forcée : elle vient de mon authenticité. Je ne cherche pas à surjouer ou à me conformer à une ligne en vogue. Le public ressent quand quelque chose n’est pas authentique, et ça ne fonctionne pas.
Je ne comprends donc pas cette logique où certains s’humilient pour exister médiatiquement. Pour moi, personne n’a le droit de me rabaisser ou de me tourner en dérision, que ce soit des célébrités comme Cyril Hanouna (par rapport à ce qu’il a fait avec Matthieu Delormeau), le Pape, le Président, ou qui que ce soit d’autre.
Les drag queens ont le vent en poupe en ce moment. Selon vous, le drag est-il un art qui peut aussi s’adresser aux enfants ou doit-il rester réservé au monde adulte ?
Qu’est-ce qu’une drag queen a jamais fait pour qu’on doive l’admirer autant, à part se maquiller, se rouler par terre et faire des choses sexuelles sur scène ? Je ne comprends absolument pas pourquoi vous voulez influencer vos enfants avec ça ! Accepteriez-vous qu’une strip-teaseuse ou une star du porno les influence ? Ça n’a aucun sens. Le drag est un univers d’adultes : sur scène ou en coulisses, il y a beaucoup de sexualité, de nudité et de substances illicites. Je ne pense vraiment pas que ce soit un monde dans lequel entraîner les enfants. Ils peuvent s’amuser autrement, comme nous le faisions : jouer à se déguiser, se maquiller entre copains, mettre des talons hauts… Mais impliquer les enfants dans le drag est irresponsable.
Je comprends que certains parents veuillent paraître « cool », « dans le coup », pas homophobes… Mais on peut élever un enfant normalement, sans l’inclure dans ce que j’appelle « le délire sexuel gay ». Et honnêtement, vous ne rendez pas service à la communauté LGBT : elle a déjà une réputation sulfureuse, inutile d’en rajouter en y mêlant des enfants. Gardez-les à la maison, emmenez-les à Disneyland ou au cirque, mais pas dans les clubs.
À 18 ans, pourquoi pas, pour un anniversaire. Mais avant, n’envoyez pas de mauvais signaux : un enfant a droit à une éducation correcte, avec de bonnes bases et une construction équilibrée. Exposer les enfants au drag est néfaste pour leur stabilité mentale et leur développement.
En 2004, vous publiiez votre autobiographie L’Homme que je suis. Pour vous, qu’est-ce qu’être un homme en 2025 ?
Pour moi, un homme, c’est la deuxième moitié de la création de Dieu, complémentaire à la femme. Son rôle, c’est aussi fonder une famille et contribuer à la continuité de la lignée. Ce qui définit un homme, ce n’est pas sa sexualité, mais sa capacité à assumer ses responsabilités, à construire et transmettre.
On peut être gay, mais avoir la possibilité, si on le souhaite, d’avoir une femme ou un enfant : c’est ça pour moi le privilège d’être un homme, celui de pouvoir fonder une génération.
Vous n’avez pas peur qu’on vous qualifie de réactionnaire en parlant de relation homme-femme, de famille et de reproduction ?
Mais non, pas du tout ! Pourquoi ? Pour moi, un homme, c’est la moitié de l’autre, celle qui permet de fonder une famille et de perpétuer les générations. Même une féministe qui choisit la monoparentalité a besoin d’un homme pour faire un enfant. Ce n’est pas réactionnaire de dire qu’un homme contribue à la continuité de la vie.
Un homme ne se définit pas par sa sexualité, sa force ou son pouvoir, mais par sa capacité à participer à la création et à la transmission de la vie. Deux femmes ou deux hommes ne peuvent biologiquement donner naissance : c’est là toute la beauté et la responsabilité de l’homme.
Et vous, quel homme êtes-vous en 2025 ?
L’homme que je suis en 2025, c’est l’homme que j’ai toujours été. Celui qui a grandi après avoir été violé entre 9 et 13 ans, et qui a compris qu’il faut protéger les enfants. La protection d’un enfant n’est pas que le rôle d’une femme, c’est aussi celui d’un homme. Je veux quitter ce monde mieux que je l’ai trouvé, et ce que j’aimerais que l’on retienne de moi, c’est mon intégrité. Si ma voix peut aider ne serait-ce qu’une personne, mon travail est déjà accompli.
Dans mon livre, L’homme que je suis, récemment réédité, je raconte tout ce que j’ai vécu. Quant aux jugements des autres sur ma personne, si quelqu’un ne me connaît pas, ça ne me regarde pas.
Je déteste l’uniformité et le fait que tout le monde doive penser et s’habiller pareil. Je reste « old school », je n’utilise pas les applications de rencontre. Si je veux rencontrer quelqu’un, je peux le faire dans la rue. Ce que j’apprécie, c’est quand quelqu’un a le courage de ses convictions.
Alors peut-être que des gens vont dire que je suis vieux et aigri. Je suis tout sauf aigri. Et quand tu me regardes, à 60 ans, je ne fais pas mon âge. Mais depuis que je suis devenu une personnalité publique, je me suis toujours imposé de dire ce que je pense, même si cela me vaut la censure sur les réseaux sociaux. Je ne vis pas pour les likes ou les abonnés : les vrais influenceurs sont ceux qui ont quelque chose à dire.
Ce que je trouve incompréhensible, ce sont ces jeunes qui après avoir gagné de l’argent sur les réseaux sociaux, s’exilent à Dubaï, alors que la France leur a offert la possibilité d’exister. J’aime trop la France. La France est magnifique. Ce berceau du luxe et du bon goût m’a permis d’être moi-même et d’exprimer ma voix. Aujourd’hui, beaucoup sont prisonniers d’idéologies ou de systèmes et se croient libres, mais ils sont enfermés derrière leurs propres barreaux.
Pour conclure cet entretien, qu’est-ce que vous pouvez souhaiter à Focus LGB, sachant que c’est encore un très jeune collectif ?
Ce que je trouve intéressant chez vous, c’est votre apolitisme. C’est une force : cela vous permet de travailler avec n’importe quel parti, d’exposer vos projets, vos objectifs, et de chercher de l’aide si nécessaire. Vous revenez ainsi aux basiques de ce que sont les LGB, à ce pour quoi cette communauté s’est toujours battue.
Il est important de remettre l’église au milieu du village et de se rappeler pourquoi et comment nous avons acquis ces droits. Il ne faut pas endommager ce que nous avons construit en se laissant entraîner par des causes ou des luttes qui ne concernent pas directement les LGB.
Je pense à certaines associations comme Eros : l’idée était bonne, mais malheureusement, elles deviennent trop politiques, parfois extrêmes. Si une association veut toucher tout le monde, elle doit rester ouverte à tous, au-delà des bords politiques. Les dérives politiques peuvent nuire à la cause. Même si je respecte les militants, il faut veiller à ne pas s’éparpiller sous prétexte de plus de visibilité.
Enfin, je me souviens d’un conseil que Line Renaud m’avait donné : ne mener qu’un combat à la fois pour ne pas diluer le message. Si vous parvenez à suivre ce conseil, à rester concentrés sur vos objectifs principaux, alors tout ira bien.
Propos recueillis par Zadig pour Focus LGB.
De nouveaux articles seront publiés régulièrement. Repassez par ici pour découvrir nos prochaines analyses et prises de position.