12/11/2025
Longtemps marginalisé, le sujet de la détransition (le fait de revenir en arrière après une transition de genre) s’impose peu à peu dans le débat public, du moins sur les réseaux sociaux. Les témoignages se multiplient en Occident, souvent à contre-courant du discours dominant, et révèlent un phénomène bien plus répandu qu’on ne le croyait.
Une étude nord-américaine récente, la plus importante du genre depuis des décennies, a interrogé près de 1000 personnes ayant interrompu ou inversé leur transition. La majorité étaient nées femmes et avaient entamé un parcours médical dès l’adolescence : hormonothérapie, chirurgie thoracique, changement d’état civil… avant de réaliser que ces transformations ne répondaient pas à leur mal-être.
Mais les femmes ne sont pas les seules concernées. Des hommes également détransitionnent, parfois après des années de traitements hormonaux ou de chirurgie. C’est le cas par exemple de Karlee Monster, une créatrice de contenu française, née homme, qui a vécu une dizaine d’années en tant que femme trans avant de regretter sa transition et sa vaginoplastie. Selon elle, et la concernant, un retour en arrière n’est pas envisageable.
Dans ses vidéos, elle décrit une profonde désillusion : « À 17 ans, naïf, j’ai sincèrement pensé pouvoir devenir une femme. Mais je me suis rendu compte trop tard qu’on ne peut pas devenir un homme ou une femme. On peut juste devenir quelque chose entre les deux : un homme trans ou une femme trans », confie-t-elle. Comme beaucoup, même si elle a scrupuleusement respecté la procédure prévue, elle estime avoir été orientée trop vite vers la transition, dans un contexte médical peu enclin à explorer d’autres causes à son mal-être.
Pourquoi revenir en arrière ? Les raisons évoquées sont multiples. Pour beaucoup, le soulagement espéré n’est pas venu, le mal-être a persisté et était souvent enraciné ailleurs : sexisme, homophobie intériorisée, traumatismes, autisme… Beaucoup décrivent un accompagnement psychologique superficiel et un manque d’information avant les décisions irréversibles.
Mais après la détransition, une autre épreuve commence : l’isolement. Ces personnes se sentent rejetées par les communautés trans et LGBT+, accusées de trahir la cause. Plusieurs parlent même de "détransphobie" : impossibilité de raconter son parcours sans être insulté ou réduit au silence. « J’ai perdu tous mes amis et tout mon réseau quand j’ai détransitionné », confie une personne au National Post. « Je me sens totalement isolée du reste de la communauté "queer". »
Sur le plan médical, c’est un désert. Seules 29% des personnes interrogées ont trouvé un soignant compétent pour les accompagner, 16% ont eu accès à un soutien psychologique adapté, et à peine 11% ont reçu des informations fiables sur les effets de l’arrêt des hormones. Certaines se battent pour trouver un chirurgien prêt à pratiquer une reconstruction mammaire, par exemple, ou un traitement pour les effets secondaires d’une hormonothérapie interrompue. Beaucoup décrivent un sentiment d’abandon par les mêmes médecins qui les avaient suivies dans leur transition.
Ces parcours rappellent la nécessité d’un véritable discernement avant toute transition médicale, surtout chez les jeunes. La transition ne doit pas être présentée comme une solution universelle. Chez certains, c’est justement leur détransition, souvent douloureuse, qui leur a enfin permis de comprendre l’origine de leur mal-être et de se réconcilier avec leur orientation sexuelle ou leur corps.
Sur les réseaux sociaux, la trend "Trans vs Detrans" illustre cette parole libérée : des visages, des témoignages, des sourires, parfois après des années de souffrance. Derrière ces récits, une même demande, celle d’être écoutés sans jugement ni récupération politique.
Ces personnes ne veulent pas prouver que « la transition est mauvaise ». Elles veulent simplement que leur expérience ait, elle aussi, sa place.
Isaac
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